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Mon vaccin m’a remplie de fierté pour les soins infirmiers et m’a montré que « j’ai encore besoin d’être infirmière »

  
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Aug 03, 2021, Par: Terry Webber RN, BSPN
Terry Webber
Gracieuseté de Terry Webber
Terry Weber, infirmière semi-retraitée, a reçu sa première dose de vaccin contre la COVID-19 au printemps. L’expérience lui a inspiré une immense fierté pour les soins infirmiers et lui a fait réaliser qu’elle n’était pas prête à prendre sa retraite à temps plein et à quitter un poste qu’elle adore. « Prendre soin des autres en tant qu’infirmière, entourée de collègues du milieu fait toujours vibrer mon cœur. Ça me donne encore un but », confie t elle.

C’était le printemps, et le jour brillait de mille feux, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de mon cœur. Je ne me sentais pas dans cet état simplement parce que j’allais me faire vacciner contre la COVID 19, ai-je décidé en sortant de chez moi, mais plutôt pour le moment qu’il représentait. J’étais loin de me douter que ce jour là, je prendrais également une décision importante concernant ma carrière.

J’allais me retrouver parmi d’autres professionnels dévoués aux soins, tout comme moi; voilà ce que j’attendais avec impatience. Peut-être serais-je vaccinée par une infirmière, peut-être serait-ce un médecin, un ambulancier ou un pompier.

Dans mon cœur, j’espérais simplement apercevoir un visage familier ou deux, ou une personne qui pourrait s’identifier comme membre du personnel infirmier. Je saurais alors que j’étais arrivée à bon port.

Tout était bien indiqué : « Stationnement par ici », « Entrée pour la vaccination », « Tourner à droite ». Tant d’affiches que je ne pouvais pas toutes les lire. Heureusement que les navigateurs masqués aux yeux souriants me faisaient signe de continuer.

À l’intérieur de la salle, j’ai observé d’autres gens souriants et d’autres affiches, en abondance. On m’a dirigée vers une table de vaccination où on m’a dit : « Bonjour, je m’appelle Karen, et je suis l’infirmière responsable de votre vaccination aujourd’hui. »

Je savais qu’elle était infirmière. Ce n’était pas seulement son sourire ou sa façon de s’exprimer, les mots qu’elle utilisait, ou même le ton de sa voix. C’était son être entier, son contact visuel qui semblait percer mon âme pour discerner ce dont j’avais besoin à ce moment-là, les yeux d’un visage masqué qui se connectaient à l’ensemble de la personne que j’étais. Elle semblait être une personne aimable.

Je ne voulais pas quitter ce moment, celui de la prise en charge par une infirmière.

Elle m’a parlé calmement et avec compassion du vaccin qu’elle allait m’administrer ce jour là, et comment il agirait dans mon organisme pour combattre la COVID. Mon bras pourrait être endolori, mais le malaise ne durerait qu’un court instant.

Comme je me sentais en sécurité, entourée de ses soins compétents, je lui ai demandé de me parler un peu d’elle, car étant également infirmière, j’étais curieuse, et je souhaitais savoir qui était vraiment Karen en tant que personne.

Elle s’est penchée vers moi et m’a chuchoté, comme pour se confesser : « J’ai pris ma retraite en février. Et me voilà de nouveau sur le terrain! » Tout en parlant, sa main recueillait habilement le tampon d’alcool, le pansement et l’aiguille remplie de ce qu’elle s’apprêtait à m’injecter dans le bras.

« Je travaillais à l’hôpital St. Paul, dans le service de cardiologie, en recherche. C’était un travail de bureau, mais que j’adorais. J’ai tellement appris sur le cœur et j’ai tellement appris des gens. » Il semblait naturel et aisé pour elle de révéler son humanité.

« Je savais que vous étiez infirmière, lui ai-je glissé. Ça se sent. »

À mon tour d’avouer : « Je suis infirmière aussi, semi-retraitée ». Lorsque je lui ai dit où je travaillais et combien il était gratifiant de travailler en soins palliatifs, sa voix s’est adoucie et sur un ton révérencieux, elle a répondu : « Oh, quel travail merveilleux. »

Nous avons ri et échangé davantage, mais le moment était venu. « Sur quel bras voulez-vous être vaccinée? », a t elle demandé. Par sa nature d’infirmière, elle me donnait le choix. « Le bras droit », lui ai-je répondu. Elle a hoché de la tête pour montrer qu’elle comprenait mes explications.

« Vous pourriez ressentir un pincement pendant une seconde seulement. Certaines personnes m’ont dit n’avoir rien ressenti du tout », m’a-t-elle expliqué. Je n’ai pas senti la moindre piqûre, que la pression du piston qui poussait le médicament. Et puis, tout était fini.

« Merci de vous être occupée de moi aujourd’hui », l’ai-je remerciée en échangeant un regard pour la dernière fois. Je ne voulais pas quitter ce moment, non pas le moment du vaccin, mais celui de la prise en charge par une infirmière. Cet instant m’a rappelé pourquoi j’aimais être infirmière, ce qu’un patient doit ressentir lorsqu’il est pris en charge par une infirmière dévouée comme elle.

Je me suis levée, et un navigateur m’a demandé de prendre place dans la zone de surveillance. Pendant que j’attendais, je réfléchissais à la beauté de la vie. Une infirmière venait de s’occuper de moi. Quelle belle vocation nous a-t-on confiée, ne serait-ce qu’un moment pendant notre parcours.

J’ai regardé autour de moi en m’asseyant; y avait-il des infirmières que je connaissais? Lori et Lynda étaient-elles ici, de retour de leur retraite pour reprendre du service en vaccination pour la COVID? J’aurais aimé les voir aujourd’hui, ces excellentes infirmières avec qui j’avais travaillé. Mais, je ne reconnaissais personne derrière ces masques.

Puis, soudain, j’ai entendu une voix venue de nulle part : « Terry? Terry, c’est toi? ». Je me suis retournée pour voir une personne qui venait vers moi. Je n’ai pas pu reconnaître cette personne à la vive mèche grise dépassant de la masse de cheveux noirs relevés en chignon, son visage derrière le masque, avec des yeux brillants et souriants. La voix derrière le masque a dit : « C’est Terri, des soins intensifs. » J’ai fait tout mon possible pour ne pas la serrer dans mes bras.

« Terri! Tellement heureuse de te voir! » me suis-je écriée, comme si je venais de rentrer à la maison, à un endroit auquel j’avais déjà appartenu, à l’hôpital Royal Columbian, à l’époque où je pratiquais les soins intensifs dans l’équipe volante. Et pendant qu’elle parlait, je remontais à une autre époque. Je ne pouvais cacher mes larmes; j’étais si heureuse de la voir et de revivre tous les souvenirs qu’elle ravivait à son insu, alors que je la regardais et que je l’écoutais.

Elle s’est tournée légèrement, m’a annoncé que ce serait une journée occupée et qu’elle devait partir. C’était bien là Terri, toujours attentionnée, comme tant d’autres infirmières, qui trouvent le temps de s’arrêter et de formuler des messages de réconfort et d’amour à ceux qui en ont le plus besoin. C’est ce que sa présence a fait pour moi.

« Qui sait?, a-t-elle dit en partant. Nous nous recroiserons peut-être bientôt! » Nul doute que nous nous reverrons, Terri; si ce n’est pas ici, ce sera au ciel. Quelles retrouvailles ce sera, portées par des ailes d’ange, comme pour toutes les autres infirmières qui y seront (mes ailes à moi auront besoin de réajustement, si on m’en attribue).

J’ai quitté le centre de vaccination en essayant de sortir par la mauvaise porte, avant que quelqu’un me pointe la bonne direction. Nous avons ri, mais personne ne s’est amusé à mes dépens; ils savaient que je n’étais pas confuse. C’est juste que tout était nouveau pour moi, comme pour tous les autres. Nous avons souri derrière nos masques et nous nous sommes souhaité une bonne journée.

Malgré l’exaltation que j’ai ressentie, je suis repartie avec un sentiment d’espoir et de joie tranquille. Ce sentiment ne me venait pas de la vaccination, mais des infirmières que j’avais pu voir et côtoyer à nouveau. C’était à cause des souvenirs qui faisaient surface sur les ailes d’un ange ce jour-là.

C’est à ce moment que j’ai décidé que c’était clair : j’avais encore besoin d’être infirmière. Je ne peux pas prendre ma retraite de sitôt. Prendre soin des autres en tant qu’infirmière, entourée de collègues du milieu fait toujours vibrer mon cœur. Ça me donne encore un but. Je pense que j’aurai toujours le feu sacré.

Le personnel infirmier retraité offre souvent d’excellents soins informels à la communauté et aux familles. Ces professionnels le font souvent sans savoir que leurs soins sont enracinés dans les archives de leur sagesse infirmière et dans leur cœur et cherchent constamment à redonner aux autres. C’est louable, mais ce n’est pas une étape que je suis prête à franchir pour l’instant.

Percevez-vous ce que l’amour et la sagesse du personnel infirmier apportent aux autres en un simple instant? Réalisez-vous ce que vous avez fait pour les autres pendant toutes les années où vous avez exercé ce métier? Constatez-vous que ce que vous faites maintenant découle de ce que vous avez toujours été? Une infirmière ou un infirmier?

Voir le personnel infirmier fournir des soins confirme que les liens qui nous unissent dans le milieu infirmier coulent dans nos veines, sont inscrits dans notre ADN. Les soins infirmiers feront toujours partie de nous.


Terry Webber, inf. aut., B. Sc. Soins infirmiers psychiatriques, fait partie de l’équipe volante fournissant des soins de fin de vie aux patients à domicile. Elle travaille à Evergreen Nursing Services, qui est associé à la Vancouver Coastal Health Authority en Colombie Britannique. Elle est une ancienne infirmière psychiatrique autorisée et infirmière certifiée par l’AIIC en soins palliatifs. Terry est aussi récipiendaire du prix d’excellence de 2014 en soins infirmiers de la Colombie Britannique en pratique clinique.

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