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Je suis fière d’être infirmière, et non un ange

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2020/06/15/i-am-proud-to-be-a-nurse-and-not-an-angel
juin 15, 2020, Par: Catherine Smith
Nurse wearing a mask outside.
Unsplash.com/Luke Jones

Messages à retenir :

  • Les soins infirmiers ont pour base le savoir, les données probantes et la philosophie. La pratique fondée sur des données probantes contribue à des soins de qualité, ce qui est capital pour promouvoir le changement dans l’ensemble du système de soins de santé. Ce sont les soins fondés sur des données probantes qui devraient attirer les gens vers la profession, et non le désir d’être des « anges ».
  • Les métaphores guerrières et religieuses, qui déshumanisent les soins infirmiers en tant que discipline, peuvent entraîner un stress excessif chez les infirmières et les infirmiers et leur imposer des pressions déraisonnables. Ces métaphores peuvent culpabiliser ceux d’entre eux qui ne peuvent pas exercer leur profession du fait de rôles non cliniques ou de leur situation personnelle.
  • La profession infirmière évolue, au 21e siècle. Dans l’esprit du dicton « il ne faut jamais gaspiller une bonne crise », quels changements aimeriez-vous voir dans la profession?

Le coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère 2 (SRAS-CoV-2), plus communément appelé COVID-19, a causé une déroute mondiale. La pandémie est le plus grand défi du 21e siècle. « À quelque chose malheur est bon », diront certains : la pandémie pourrait apporter un changement sociétal positif.

Dans l’un de mes rôles, comme membre du corps professoral en sciences infirmières, ce quelque chose a été mon adaptation à un milieu d’apprentissage virtuel, que j’avais évité jusque-là et auquel je m’étais opposée. Je crois beaucoup à l’apprentissage expérientiel, et la simulation n’est pas dans ma zone de confort. Mais l’absence d’option de rechange m’a forcée à adopter les nouvelles façons d’enseigner et, à la réflexion, je me rends compte que mes appréhensions étaient seulement le fruit de vieilles habitudes.

La profession infirmière tout entière s’est efforcée de faire oublier ce « discours sur la vertu » au profit de la promotion de notre profession comme discipline du savoir.

Dans mon second rôle, celui d’infirmières en soins intensifs, ce quelque chose, pour moi, a été de voir les médecins se laver vigoureusement les mains. Mes collègues médecins attesteront du mantra, que je répète souvent : « Avant-bras nus ».

« Héros » et « anges »

Beaucoup de mes collègues infirmières et infirmiers à travers le monde ont mentionné que pour eux, le quelque chose est l’appréciation de notre profession; dans certains pays, en temps normal, elle n’est pas appréciée autant qu’elle devrait l’être. Le mouvement « applaudir les travailleurs de la santé », y compris les concerts de casseroles à 19 h, font chaud au cœur. Mais la myriade de manchettes et de gazouillis déclarant que les infirmières et infirmiers sont des « anges » et des « héros du coronavirus » ne suscitent aucune fierté en moi.

Les hommages qui comparent le personnel infirmier à des anges des soins de santé m’ont toujours embêtée. Cette notion a cours depuis l’époque de Florence Nightingale, et certains d’entre nous ne cessent de se battre contre ce stéréotype. En fait, la profession infirmière tout entière s’est efforcée de faire oublier ce « discours sur la vertu » au profit de la promotion de notre profession comme discipline du savoir.

Je ne suis pas un ange; je suis une infirmière qui croit fermement en un savoir fondé sur des données probantes. J’ai travaillé avec acharnement pour obtenir mon accréditation comme infirmière autorisée.

Une discipline fondée sur le savoir

Ma formation en sciences infirmières reposait sur des théories fondées sur des données probantes, et le volet apprentissage expérientiel comblait le fossé entre théorie et pratique. À mes yeux, être appelés des anges dévalorise notre profession et renforce le stéréotype selon lequel c’est une vocation qui ne demande pas de capacités intellectuelles. Les études infirmières, en plus de former notre esprit critique et notre capacité à résoudre les problèmes, nous préparent aussi à faire preuve de compassion.

Beaucoup de mes collègues infirmières et infirmiers qui travaillent aux premières lignes de la pandémie partagent mon sentiment : nous ne sommes pas des anges.

Des efforts concertés pour préparer les futurs infirmiers et infirmières pour l’exercice de leur profession au 21e siècle émergent de la recherche en sciences infirmières. Les membres de notre profession sont capables d’indépendance d’esprit et de réflexion intellectuelle. Nous illustrons des pratiques exemplaires fondées sur des données probantes et qui contribuent à des soins de qualité, sûrs et centrés sur la personne. Les infirmières et infirmiers défendent activement les droits de leurs patients, car c’est l’un des éléments manquants dans les soins de santé. C’est leur savoir, leur passion et leur attachement à notre profession qui leur permettent de le faire.

Beaucoup de mes collègues infirmières et infirmiers qui travaillent aux premières lignes de la pandémie partagent mon sentiment : nous ne sommes pas des anges. Notre formation a fait de nous des professionnels hautement qualifiés et des praticiens en soins intensifs. Au travail, je me sers de mon esprit critique, de mon jugement clinique, de mes connaissances et de mon savoir-faire; je n’utilise aucune qualification ou compétence « angélique » quand je soigne des patients aux soins intensifs. J’incorpore de la compassion, de l’empathie et de la gentillesse à mes soins, en effet, mais c’est parce que mon travail me passionne et, par-dessus tout, parce que je crois à l’humanisation des soins.

Donc, à titre d’infirmière, je vous encourage à lutter contre le stéréotype selon lequel les infirmières et infirmiers sont des « anges ». Nous sommes des professionnels, des infirmières et infirmiers autorisés, et notre discipline est fondée sur le savoir, une philosophie des soins et des données probantes. Quand nous perpétuons la notion d’« angélisme » dans notre profession, nous mettons cette dernière en danger parce que nous risquons de donner la mauvaise motivation à ceux qui aspirent à une carrière en soins infirmiers.

Et vous, s’il est vrai qu’à quelque chose cette pandémie est bonne, quel est ce quelque chose que vous cherchez dans la profession infirmière?


Catherine Smith, inf. aut., B. Sc.inf. (avec distinction), M. Sc., est professeure adjointe à l’Université de la Vallée du Fraser (C.-B.) et travaille également comme infirmière en soins intensifs pour l’autorité sanitaire du Fraser. Elle est vice-présidente et directrice de l’ONG ReSurge Africa (www.resurgeafrica.org). Il est possible de la contacter par courriel à catherine.smith@ufv.ca.

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