https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2020/03/09/why-should-nurses-be-immunized
mars 09, 2020, Par: Susanne Priest
Messages à retenir
- En plus de la grippe, le personnel de soins de santé devrait être immunisé contre de nombreuses autres maladies pouvant être prévenues par un vaccin.
- Consciente des obstacles à la vaccination, l’auteure décrit des stratégies que les employeurs peuvent utiliser en réponse aux inquiétudes du personnel.
- Le personnel de soins de santé devrait être immunisé contre les maladies pouvant être prévenues par un vaccin, pour sa protection personnelle, celle de sa famille et celle de ses patients.
De par leur travail même, les infirmières et infirmiers entrent en contact avec de nombreuses maladies infectieuses, y compris des maladies pouvant être prévenues par un vaccin (MPV). L’hygiène des mains et les précautions universelles applicables au sang et aux liquides organiques sont des mesures importantes pour se protéger contre les maladies. La vaccination est une autre façon de réduire le risque de transmission des maladies.
On justifie la vaccination des travailleurs de la santé (TS) par la nécessité de protéger à la fois ceux qui fournissent les soins et ceux qui les reçoivent (Maltezou et Poland, 2016). Les vaccins peuvent prévenir la transmission de maladies et protéger le personnel infirmier, ses clients et sa famille.
Les épidémies de grippe sont cause d’absentéisme parmi les TS et de perturbations dans les services de santé, problèmes qui compliquent la gestion des effectifs et qui font grimper le coût des soins (Maltezou et Poland, 2016). Le personnel infirmier a donc une responsabilité envers son employeur, ses clients et lui-même et doit s’assurer que ses vaccins recommandés sont à jour.
Les vaccins peuvent prévenir la transmission de maladies et protéger le personnel infirmier, ses clients et sa famille.
La grippe est une maladie respiratoire contagieuse dont les antigènes peuvent changer d’une saison à l’autre; par conséquent, les épidémies de grippe annuelles sont très préoccupantes (Rizzo, Rezza et Ricciardi, 2018). Les mesures de prévention pour limiter la propagation de la grippe incluent des interventions personnelles et sanitaires : se laver les mains, tousser dans sa manche plutôt que dans sa main, rester chez soi quand on est malade, porter un masque en administrant des soins lorsque c’est indiqué et se faire vacciner contre la grippe, par exemple (OMS, 2018).
L’Association des infirmières et infirmiers du Canada recommande que les infirmières et infirmiers reçoivent un vaccin antigrippal chaque année et que les employeurs collaborent avec des intervenants clés de façon à accroître le taux de vaccination du personnel (AIIC, 2019). Le manque de connaissances, les fausses perceptions et la peur d’effets indésirables sont les obstacles les plus communs à la vaccination et peuvent influencer la façon dont le personnel infirmier parle des vaccins avec ses clients et le grand public (Maltezou et Poland, 2016).
Pendant qu’ils sont au travail, les infirmières et infirmiers peuvent sans le savoir transmettre une maladie à un client avant même d’en éprouver les symptômes. Étant donné l’importance de l’immunisation en matière de santé et le grave risque que représente une contamination pour les clients vulnérables (nourrissons, personnes âgées, femmes enceintes et personnes considérées immunodéprimées), les employeurs qui offrent des services de santé devraient envisager des recommandations énergiques en ce qui concerne la vaccination. L’information que transmettent les employeurs devrait inclure, entre autres, des statistiques sur la mortalité et la morbidité associées aux MPV; les risques et avantages de l’immunisation; le coût de l’absentéisme des TS dû aux MPV et les stratégies pour réduire la propagation des MPV.
C’est dans les milieux de soins de santé que les infirmières et infirmiers sont exposés à de nombreuses maladies transmissibles et infections. Ils devraient par conséquent être immunisés contre les MPV suivantes :
- grippe;
- diphtérie, tétanos et coqueluche;
- rougeole, oreillons et rubéole;
- hépatite B;
- varicelle;
- infection à méningocoques (ASPC, 2016).
Quand une personne reçoit des anticorps au moyen d’un vaccin, il y a immunisation passive. On dit que l’immunisation est active lorsque des anticorps sont produits par le système immunitaire de la personne après qu’elle est entrée en contact avec une maladie ou qu’elle l’a contractée. La protection offerte par l’immunisation passive est immédiate et préventive; elle peut donc être vue comme une bonne solution pour les TS (ASPC, 2013).
Obstacles à la vaccination contre la grippe
- Les preuves de l’utilité de vacciner les TS contre la grippe ne sont pas concluantes. Les doutes sur l’efficacité du vaccin pèsent donc sur la décision de se faire vacciner (Lytras, Kopsachilis, Mouratidou, Papamichail et Bonovas, 2016).
- La crainte d’événements indésirables présumés attribués au vaccin antigrippal est considérée comme un obstacle significatif au recours à la vaccination (Maltezou et Poland, 2016; Rizzo et coll., 2018).
- L’avantage démontré de se faire vacciner contre la grippe, tant pour sa protection personnelle que pour celle de ses clients, est moins clair que pour la rougeole et l’hépatite B (Lytras et coll., 2016).
- La croyance des TS qu’ils ne sont personnellement pas très à risque de contracter la grippe (perception d’un risque faible) est un autre facteur déterminant de la décision de ne pas se faire vacciner (AlMarzooqi, AlMajidi, AlHammadi, AlAli et Khansaheb, 2018; Dini, Toletone, Sticchi, Orsi, Bragazzi et Durando, 2018).
- Le sentiment que les laboratoires pharmaceutiques manipulent les données sur la grippe et que ceux qui fournissent le vaccin (pharmaciens et médecins) en retirent des avantages financiers pèse sur la décision de se faire vacciner (Dini et coll., 2018).
… il est préférable de travailler dans un esprit de collaboration quand on tente d’augmenter la couverture vaccinale, en se souciant avant tout de la sécurité des patients.
Considérations pour améliorer le taux de vaccination des TS contre la grippe
- Les mandats fermes (qui incluent la vaccination de tous les TS sauf contre-indication médicale) peuvent être très efficaces pour augmenter la couverture vaccinale, mais soulèvent des questions déontologiques en matière de droits de la personne (Dini et coll., 2018). On doit donc envisager d’autres méthodes pour encourager les TS recevoir ses vaccins, entre autres le vaccin annuel contre la grippe.
- Les avis divergent sur l’efficacité d’une sensibilisation accrue à la grippe et d’une meilleure connaissance des vaccins pour améliorer les taux de vaccination au sein du personnel de soins. Les incitatifs offerts par les employeurs et un accès facilité au vaccin ont aussi un effet marginal pour ce qui est d’augmenter la couverture vaccinale contre la grippe (Lytras et coll., 2016; Rizzo et coll., 2018).
- La mise en place d’une mesure systématique « Faites-vous vacciner ou signez un formulaire de refus » améliore le taux de vaccination contre la grippe. Voir les avantages et les inconvénients qu’il y a à se faire vacciner et devoir accepter ou refuser en signant un formulaire amènent les TS à réfléchir à leur décision et à en assumer la responsabilité (Lytras et coll., 2016).
- Des recherches ont montré qu’ensemble, des déclarations de refus, une formation au travail et un accès facile et gratuit aux vaccins, avec en plus une campagne promotionnelle dynamique, devraient favoriser une plus grande acceptation de la vaccination par les TS (Dini et coll., 2018; Lytras et coll., 2016; Maltezou et Poland, 2016).
Comme toujours, il est préférable de travailler dans un esprit de collaboration quand on tente d’augmenter la couverture vaccinale, en se souciant avant tout de la sécurité des patients. Les vaccins peuvent réduire la morbidité et la mortalité; on y voit donc une mesure de santé au travail, un aspect de la lutte contre les infections, une étape utile dans la planification en cas de pandémie et que cela relève de l’obligation du personnel infirmier de protéger les patients (Lytras et coll., 2016).
Ressources additionnelles
Pour plus d’information sur la grippe, on consultera les ressources suivantes mises à la disposition du public et des professionnels de la santé par Santé Canada, Prévention et contrôle des infections Canada et l’Organisation mondiale de la santé :
Grippe (influenza) : Pour les professionnels de la santé
Global Influenza Strategy 2019-2030
Seasonal Influenza, Avian Influenza and Pandemic Influenza (en anglais seulement)
Références
Agence de la santé publique du Canada (ASPC). Guide canadien d’immunisation – Partie 3 – Vaccination de populations particulières; Immunisation des travailleurs, 2016, Ottawa, auteur.
Agence de la santé publique du Canada (ASPC). Guide canadien d’immunisation – Partie 5 – Agents d’immunisation passive, 2013, Ottawa, auteur.
AlMarzooqi, L. M., AlMajidi, A. A., AlHammadi, A. A., AlAli, N. et H. H. Khansaheb. « Knowledge, attitude, and practice of influenza vaccine immunization among primary healthcare providers in Dubai Health Authority », 2016-2017, Human Vaccines & Immunotherapeutics, 14(12), 2018, p. 2999-3004. doi:10.1080/21645515.2018.1507667
Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC). Énoncé de position : Vaccination des infirmières autorisées contre la grippe, 2019, Ottawa, auteur.
Dini, G., Toletone, A., Sticchi, L., Orsi, A., Bragazzi, N. et P. Durando. « Influenza vaccination in healthcare workers: A comprehensive critical appraisal of the literature », Human Vaccines & Immunotherapeutics, 14(3), 2018, p. 772-789. doi:10.1080/21645515.2017.1348442
Lytras, T., Kopsachilis, F., Mouratidou, E., Papamichail, D. et S. Bonovas. « Interventions to increase seasonal influenza vaccine coverage in healthcare workers: A systematic review and meta-regression analysis », Human Vaccines & Immunotherapeutics, 12(3), 2016, p. 671-681. doi:10.1080/21645515.2015.1106656
Maltezou, H. B. et G. A. Poland. « Immunization of Health-Care Providers: Necessity and Public Health Policies », Healthcare (Basel), 4(3), 2016, p. 47. doi:10.3390/healthcare4030047
Organisation mondiale de la santé (OMS). Grippe aviaire et autres grippes zoonotiques, 2018.
Rizzo, C., Rezza, G. et W. Ricciardi. « Strategies in recommending influenza vaccination in Europe and US ». Human Vaccines & Immunotherapeutics, 14(3), 2018, p. 693-698. doi:10.1080/21645515.2017
Susanne Priest M. Sc. inf., inf. aut. exerce dans le Maine (É.-U.) et au Nouveau-Brunswick depuis 1996. Après avoir travaillé en soins intensifs et en santé communautaire avec les Malécites, elle est actuellement infirmière conseillère à Fredericton. Elle a obtenu ses diplômes en sciences infirmières de l’Université du Nouveau-Brunswick. Ses études étaient surtout dans le programme d’infirmières et infirmiers praticiens et portaient principalement sur le personnel infirmier vivant avec une consommation problématique de substances.
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