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Au-delà de la survie : pour l’épanouissement des infirmières et infirmiers praticiens

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2019/12/18/beyond-surviving-thriving-as-a-nurse-practitioner
déc. 18, 2019, Par: Tanya ter Keurs
Nurses talking beside a window.
iStock.com/SDI Productions

Messages à retenir

Dans cet article, vous apprendrez :

  • Des stratégies novatrices pour influencer les relations et la culture au travail.
  • Comment une relation accompagnateur-accompagné peut vous transformer, professionnellement et personnellement.
  • En quoi assumer ses choix et avoir une identité en dehors du travail sont des forces.

« Nous, médecins, sommes les experts dans le domaine de la médecine, et nous en sommes fiers. Nous ne fournissons pas un service, nous avons travaillé avec acharnement pour être les experts. Nous assimiler aux fournisseurs de soins de première ligne minimise notre expertise et érode notre autonomie. »

Ce sont les sentiments sincères dont m’a fait part un médecin-chef renommé. Le contexte était une discussion de l’acceptation, tiède jusqu’à présent, du rôle d’infirmière ou infirmier praticien (IP).

Si vous êtes comme la plupart des IP, moi incluse, votre réaction instinctive sera peut-être de lever les yeux au ciel d’exaspération. Ce jour-là, cependant, je suis arrivée à respirer à fond et à répondre avec respect et camaraderie : « Nous apprécions l’expertise médicale que vous apportez à l’équipe et je ne voudrais en aucun cas exercer sans mes collègues médecins. Je ne souhaite pas vous remplacer. Je ne veux pas votre autonomie. Moi aussi, j’apporte quelque chose d’utile à l’équipe. Je veux mon autonomie à moi. Je veux travailler coude à coude avec mes collègues médecins et militer pour de meilleurs soins pour nos communautés. »

J’ai trouvé encourageante la réaction positive du médecin à ma déclaration. Le lendemain, en réunion, il a été mon plus grand allié pour notre autonomie, notre reconnaissance et un travail au maximum de nos compétences. Je suis ressortie de cette réunion avec le sentiment que les bases avaient été jetées pour que je puisse m’épanouir au travail.

Cela m’a fait réfléchir : Comment faire pour reproduire cette expérience, mais aussi en profiter pour créer des relations et des cultures de travail qui permettent aux IP de s’épanouir? J’ai travaillé dans des cliniques interdisciplinaires où les relations professionnelles entre les membres de l’équipe seraient considérées comme la norme d’excellence, comme une utopie. J’ai aussi, trop souvent, connu le contraire. Comment pouvons-nous nous présenter, en tant qu’IP, de façon à favoriser des relations et une culture de travail plus harmonieuses?

Je propose trois actions : (a) assumer nos choix; (b) nous créer une raison d’être et une identité en dehors du travail; (c) nous trouver un ou une partenaire de réflexion (« thought partner ») ou un champion.

Assumer nos choix

Professionnellement, j’étais dans un creux quand quelqu’un m’a dit « tu choisis d’être là; tu as toujours l’option de partir. » Choisir! Je n’en croyais pas mes oreilles! Ma famille avait besoin de mon revenu, car nous venions d’acheter une maison et c’était le seul poste d’IP à des centaines de kilomètres à la ronde. Je n’avais pas le sentiment d’avoir grand choix. Je me sentais victime des circonstances. Croyez-moi, ce n’est pas le meilleur état d’esprit pour arriver au travail quand on essaie de s’épanouir.

J’ai pris un peu de recul mental. J’avais en effet un certain choix. Je pouvais prendre la décision radicale de partir, mais je pouvais aussi prendre des décisions de moindre portée qui influenceraient mon quotidien au travail. Pour remplir mes dossiers, je pouvais laisser ma porte de bureau ouverte ou la fermer; je pouvais démissionner des comités qui sapaient mon énergie; je pouvais choisir de laisser mon travail au travail ou de le ruminer toute la soirée – la liste est longue.

Si vous lisez ces exemples de choix et les rayez mentalement l’un après l’autre en pensant à des raisons pour lesquelles vous n’avez pas de latitude dans ce domaine, alors vous vous sentez probablement victime, comme moi à l’époque.

Je vous mets au défi d’y réfléchir : Dans quels domaines avez-vous le choix? Comment exercerez-vous cette liberté de choix?

Prendre conscience de ses choix donne une force intérieure et une perspective nouvelle sur les situations difficiles. Quand on se concentre sur le fait que l’on a le choix, au lieu de juste réagir à son entourage, on agit activement sur sa situation.

Nous créer une raison d’être et une identité en dehors du travail

« Bonjour, je m’appelle (votre nom). Je suis_________»

Sans réfléchir, comment finissez-vous cette phrase? L’avez-vous finie en indiquant votre métier? Si oui, cette section s’adresse peut-être à vous. Est-ce le travail qui vous définit? Une mauvaise journée au travail suffit-elle à déterminer votre fin de semaine? Est-ce qu’un commentaire désobligeant envers vous ou la profession d’IP vous plonge dans un tourbillon de doutes personnels et d’émotions? Quel aspect de ce que vous faites pour gagner votre vie définit votre identité profonde?

Quels autres aspects vous définissent? Vous êtes père ou mère, conjoint ou conjointe? Votre jardin est-il spectaculaire? Pouvez-vous dévaler une piste noire comme si vous étiez athlète? Quand on se souvient que l’identité ne se limite pas à la profession, on aborde différemment les situations difficiles.

Avez-vous déjà travaillé avec des triathloniens? Ils ont toujours l’air si heureux! Cela est certainement lié aux endorphines qui coulent dans leurs veines, mais aussi, je suppose, à leur enthousiasme, à leur passion dévorante pour quelque chose de plus grand que le travail. Les vicissitudes organisationnelles et les dynamiques interprofessionnelles au travail ne sont rien comparées aux défis monumentaux pour lesquels ils s’entraînent.

Refaites donc l’exercice de cette section : « Bonjour, je m’appelle _____. Je suis… »

Nous trouver un ou une partenaire de réflexion (« thought partner ») ou un champion

Pour finir, je vous recommande de vous trouver un ou une partenaire de réflexion ou un champion. Avant, je comptais sur mon conjoint, mes collègues ou mes amis pour remplir ce rôle. Mais ces relations doivent être à double sens et sont saines dans la mesure où les deux partis donnent et reçoivent. Elles ne doivent pas être mises en péril. On risque de drainer ces proches et de dominer la relation en essayant de gérer ainsi ses angoisses professionnelles.

Un partenaire de réflexion ou un champion efficace est plus qu’un ami et plus qu’un mentor : cette personne est un accompagnateur. La relation accompagnateur-accompagné est transformatrice. Mon accompagnateur m’a épaulée pendant que je tentais d’y voir clair dans des situations complexes et difficiles, a soulevé de nouvelles perspectives et m’a fait réfléchir par ses questions. Mon travail avec cet accompagnateur a transformé la façon dont je me présente aux réunions, a développé la confiance en moi qui me permet de saisir des occasions dans mon travail et m’a aidée à faire front dans des climats de travail compliqués. En tant qu’accompagnatrice moi-même, ma passion pour le soutien aux travailleurs de la santé me permet de créer un lieu sûr où les IP peuvent relever des défis, être encouragés et s’épanouir. Les IP peuvent trouver un accompagnateur dans les différentes régions du Canada en s’adressant à l’International Coaching Federation ou un accompagnateur spécialisé dans les IP en contactant Coaching for Better Care (voir Ressources additionnelles ci-dessous).

Conclusion

Les infirmières et infirmiers praticiens sont relativement nouveaux dans le paysage des soins de santé au Canada, et de ce fait, comme tous les pionniers, ils doivent composer avec leur lot de vicissitudes. Adoptons au quotidien des pratiques qui nous permettront de nous épanouir.

Premièrement, nous devons reconnaître que nous nous sommes lancés dans cette profession formidable et difficile par choix. En assumant nos choix au quotidien, nous découvrirons notre pouvoir d’influer sur notre monde.

Deuxièmement, chacune et chacun de nous doit se bâtir une identité qui va au-delà de nos titres de compétence. Quelles activités, quels loisirs, quel environnement vous rendent vraiment heureux et vous font perdre la notion du temps? C’est là que se trouvent les graines de votre identité.

Enfin, trouvez votre accompagnateur, cette personne qui vous soutient sans réserve. Elle vous encouragera et vous poussera à vous remettre en question dans le seul but de vous aider à devenir la meilleure personne possible.

Si chaque IP adopte ces recommandations, je vous soumets qu’« infirmière praticienne » et « infirmier praticien » deviendront synonymes de culture de travail positive, et nous mènerons tous des carrières plus heureuses et fructueuses. Nous nous épanouirons tous.

Ressources additionnelles

Coaching for Better Care. Coaching for health care providers.

Dweck, C. Mindset: The New Psychology of Success, New York, Ballantine Books, 2008.

International Coaching Federation


Tanya ter Keurs est infirmière praticienne familiale et travaille en soins primaires et télésanté. Elle est aussi chargée de cours à temps partiel à l’Université Athabasca et fondatrice de Coaching for B.C. (Better Care). Aider les fournisseurs de soins de santé à s’épanouir professionnellement et personnellement passionne Tanya.

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