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Jeter des ponts pour améliorer les relations interpersonnelles

  
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Un centre de santé communautaire a fait découvrir à des personnes âgées d’un complexe résidentiel agité comment pratiquer la pleine conscience et l’autocompassion

Jan 08, 2017, Par: Sophia Ali, B.Tr.So., TSA, DPBG , Jo Storozinski, inf. aut., B.Sc.inf. , Cesar Gonzales, IPA, inf. aut., B.Sc.inf.
HarperJo Storozinski and Cesar Gonzales speaking in front of a group
Dan Harper
Jo Storozinski et Cesar Gonzales animaient ensemble le projet pilote Building Bridges.

Établi dans le quartier St. Vital de Winnipeg, le Centre Youville est un centre de santé communautaire sans but lucratif géré par des infirmières. Des infirmières et infirmiers en santé communautaire et une coordinatrice du développement communautaire y travaillent avec des groupes, des familles et des résidents pour régler les problèmes de santé qu’ils rapportent. La consultation, la collaboration et l’établissement de relations sont des composantes majeures de ce travail.

En 2014, une coordinatrice du service aux locataires (CSL) de Logement Manitoba, un organisme qui offre des logements abordables aux personnes et familles à faible revenu, a contacté le Centre Youville. Elle nous a demandé de l’aide pour résoudre des problèmes d’intimidation, d’intolérance, d’altercations verbales et physiques et d’exclusion entre des personnes âgées habitant un immeuble dont elle était responsable. Le bien-être émotionnel et physique des cibles et des témoins de ces intimidations souffrait à cause du stress.

Nous étions au courant de problèmes dans cet immeuble et dans d’autres. L’année précédente, des étudiants en sciences infirmières de l’Université du Manitoba avaient passé trois mois au Centre Youville dans le cadre de leur cours de développement communautaire. Nous leur avons demandé de procéder à une évaluation des besoins des personnes âgées dans la communauté. Ils ont interviewé 236 résidents du quartier St. Vital. Près de 30 % des résidents ont dit souffrir de dépression, 70 %, de solitude modérée ou profonde, et 22 % de stress.

Nous avons initialement suggéré que des politiques de tolérance zéro face à l’intimidation soient mises en place dans l’immeuble, mais Logement Manitoba nous a informés qu’il serait irréaliste d’espérer mettre de telles politiques en application.

Nous avons alors créé, à trois, l’équipe Building Bridges (« Jeter des ponts ») et avons rencontré la CSL pendant plusieurs mois. De ces réunions est né un programme destiné à sensibiliser les gens aux interventions susceptibles d’améliorer la situation. Notre but était de réduire l’intimidation et de favoriser des relations et des interactions constructives et solidaires en favorisant la compassion envers soi et autrui. L’Office régional de la santé de Winnipeg (ORSW) a financé le projet.

Mise en œuvre

Nous avons invité les résidents du complexe à participer à un projet pilote visant à aider les personnes âgées à gérer leur stress. Lors d’une rencontre informelle, nous avons exposé à la douzaine de participants présents les résultats de l’évaluation des besoins pour les mettre au courant de la solitude et du stress éprouvés par des gens de leur communauté et pour qu’ils soient prêts à chercher des façons d’y remédier. Ils ont été réceptifs, et nous leur avons demandé leur avis pour commencer à concevoir le programme.

Nous avons tenu la première séance de Building Bridges en octobre 2014, puis nous avons tenu deux réunions par mois jusqu’en mai. L’infirmière et l’infirmier en santé communautaire animaient les rencontres.

Pendant la première séance, nous avons invité les participants à cerner les aspects positifs de la vie dans leur immeuble ainsi que les difficultés. Ils ont cité très peu d’avantages à part la proximité de certains services (une épicerie et un centre médical) dans le quartier. Parmi les inconvénients, ils ont mentionné l’intimidation, le commérage, l’intolérance, l’apathie et le stress qu’occasionnent les rapports avec des personnes difficiles. Nous leur avons demandé de répondre à un questionnaire pour évaluer leurs perceptions en ce qui concerne le stress, la solitude et la sécurité, questionnaire auquel ils répondraient à nouveau à la fin du programme.

Le classement des difficultés citées par les participants a orienté le contenu du programme. Nous avons présenté 12 séances de deux heures où nous nous sommes efforcés de les aider à apprendre comment surmonter ces difficultés et de les outiller pour intervenir en cas d’intimidation. Chaque séance était dans le prolongement des précédentes, mais les nouveaux participants étaient bienvenus à tout moment. Au moyen de discussions, d’activités individuelles et en groupes, de vidéos et de jeux de rôles, les participants ont réfléchi sur la tolérance, la gentillesse, la résilience, l’empathie, la gratitude, l’inclusion, la compassion et l’autocompassion, ainsi que sur des façons de mettre ces valeurs en pratique.

En moyenne, 13 personnes âgées assistaient à chaque séance. Avec une subvention obtenue grâce à Healthy Together Now (« Sains ensemble aujourd’hui »), un programme de financement communautaire de l’ORSW, nous avons pu acheter des tableaux blancs et d’autres fournitures, ainsi que des prix de présence et des collations santé pour encourager la participation.

En juin 2015, nous avons organisé une petite fête, avec de la pizza, des salades et un gâteau, non seulement pour souligner la fin du programme, mais aussi pour donner aux participants l’occasion de mettre en application ce qu’ils avaient appris en invitant des résidents à qui ils n’avaient jamais parlé auparavant.

Résultats

Pendant le programme, la CSL a dit avoir remarqué l’amélioration des interactions entre résidents dans les parties communes de l’immeuble; il s’agissait souvent de participants au programme, mais pas toujours. Plus de résidents ont commencé à fréquenter ces zones communes. La CSL a rapporté que les participants faisaient preuve de compassion dans leurs comportements et que les altercations entre résidents se faisaient plus rares. Les participants encourageaient les résidents à parler à la CSL de leurs préoccupations, y compris de problèmes de santé. Un comité d’accueil a été réactivé pour les nouveaux résidents. La vie dans l’immeuble s’est améliorée, et des participants ont demandé à la CSL comment ils pourraient collaborer pour aider les résidents qui avaient besoin d’assistance à surmonter leurs difficultés et à obtenir ce dont ils avaient besoin.

Lors de l’évaluation, à la fin du programme, beaucoup des participants se sont dits heureux d’avoir eu l’occasion de se faire de nouveaux amis et de recevoir le soutien des autres membres du groupe. Ils ont admis qu’il fallait faire preuve d’une plus grande tolérance et d’un plus grand respect dans les communications et se sont dits plus reconnaissants pour ce qu’ils avaient. Ils se sont aussi déclarés satisfaits de la façon dont le contenu du programme était présenté et du choix des sujets abordés. Il ressortait de leurs réponses au questionnaire qu’ils se sentaient mieux soutenus et plus en sécurité.

Nous avons demandé au Manitoba Centre for Nursing and Health Research (MCNHR), installé au collège de sciences infirmières de l’Université du Manitoba, d’être notre partenaire pour l’évaluation du programme. Une chercheuse stagiaire du MCNHR a effectué une recension des écrits sur l’autocompassion et la pleine conscience. Elle cherchait des preuves que sensibiliser les gens à l’autocompassion et à la pleine conscience et les initier à ces pratiques contribuait à de meilleures relations interpersonnelles. Elle a préparé un exposé sur ces preuves, ce qui nous a été utile pour décider du type de discussions et d’activités à utiliser dans nos séances.

Conscients que notre programme pourrait être utile à d’autres collectivités, nous avons demandé l’aide de la stagiaire pour préparer une trousse de mise en œuvre, avec une présentation générale du projet pilote et de ses objectifs, une présentation du concept d’autocompassion, des plans pour les séances de groupe, des listes de lectures et un modèle de budget.

Enseignements tirés et prochaines étapes

Nous avons été surpris de l’intérêt que manifestaient les participants pour les techniques de méditation que nous leur avons présentées. Ils étaient ouverts et enthousiastes et nous ont demandé conseil pour continuer à méditer. Leur réaction nous a encouragés à parfaire notre propre formation dans ce domaine.

Nous avons appris que l’audace paye quand on présente de nouveaux concepts et activités à un groupe. Au minimum, c’est une façon de stimuler la discussion et l’échange d’idées. Avec l’aide de la chercheuse stagiaire, nous améliorons la trousse et déterminons quelles questions poser aux participants pour collecter des données complémentaires et mieux montrer la réussite du programme. Ce travail nous aidera en outre à concevoir d’autres programmes à l’avenir. En associant pratique, théorie et recherche, notre partenariat avec MCNHR a été déterminant pour l’évaluation du programme et sa continuation.

Pendant l’automne 2015, nous avons instauré un nouveau programme Building Bridges dans un autre immeuble et avons obtenu des résultats et des commentaires similaires. On nous a demandé d’offrir le programme dans d’autres immeubles en dehors de notre zone d’activité. L’équipe étudie comment renforcer notre capacité d’offrir le programme dans d’autres communautés.


Sophia Ali, B.Tr.So., TSA, DPBG, est coordinatrice du développement communautaire au Centre Youville à Winnipeg.
Jo Storozinski, inf. aut., B.Sc.inf., est infirmière en santé communautaire au Centre Youville. Elle exerce à titre de spécialiste en santé spirituelle au Centre des soins de la santé à Winnipeg et est certifiée en tant qu’apprentie formatrice en autocompassion et pleine conscience par l’école de médecine de San Diego de l’Université de Californie.
Cesar Gonzales, IPA, inf. aut., B.Sc.inf., est infirmier en santé communautaire au Centre Youville et certifié en tant qu’apprentis formateur en autocompassion et pleine conscience par l’école de médecine de San Diego de l’Université de Californie.

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