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août 12, 2021, Par: Laura Eggertson
Note de la rédaction : Ce profil de Diane Batchelor fait partie de la série Franc Nord d’infirmière canadienne, qui met l’accent sur les témoignages et la pratique infirmière dans le Nord canadien dans certaines des conditions les plus difficiles au pays.
Diane Batchelor, l’une des deux infirmières praticiennes de Pond Inlet, décrit son travail au Nunavut en termes simples.
Elle est une source d’espoir.
Dans son cabinet de soins primaires et en tant que soutien aux sept autres membres de l’équipe infirmière du petit village, elle évalue et traite des personnes souffrant d’un large éventail de maladies, notamment d’infections complexes à un stade avancé, de pneumonie, de tuberculose, de maladies cardiaques non diagnostiquées et de cancers.
Lorsqu’elle est de garde, deux à trois fois par semaine, pour des quarts de 12 à 15 heures, elle répond aux crises cardiaques, aux attaques à l’arme blanche, aux tentatives de suicide, aux agressions physiques et aux surdoses.
Malgré sa petite taille, Pond Inlet, qui compte environ 1 800 habitants, présente un taux de traumatisme élevé.
Aucun médecin ne vit à Pond Inlet, la communauté la plus au nord de l’île de Baffin.
Un médecin s’y rend chaque mois pour s’occuper de patients identifiés par Diane Batchelor et les autres membres du personnel infirmier.
Diane Batchelor et une autre infirmière praticienne, la superviseure des programmes de santé au Centre de santé Pond Inlet , répondent elles-mêmes à la plupart des problèmes médicaux et des crises. Lorsqu’un problème dépasse leurs compétences, elles consultent des médecins à Iqaluit.
Âgée de 71 ans et comptant 50 années d’expérience en soins infirmiers, Diane Batchelor a troqué son style de vie autrefois « élégant » comme spécialiste en immunologie aux Pays Bas pour une vie enrichissante au nord du cercle polaire.
D’une beauté éblouissante
« Je peux toujours les aider à se sentir mieux et leur donner de l’espoir, dit-elle. C’est ce qui fait la beauté du métier. »
Entouré de montagnes, Pond Inlet (aussi dénommée Mittimatalik en langue inuite) est l’un des endroits les plus époustouflants du Canada.
C’est aussi un lieu au climat extrême. La température moyenne en hiver est de -32 °C, et il fait nuit 24 heures par jour de la mi novembre à la fin janvier ou presque.
Mais du début mai au début août, le soleil ne se couche jamais. Et à l’instar de l’inépuisable lumière du jour, l’esprit de Diane Batchelor ne se laisse pas abattre par les épreuves.
Dans cette localité, elle est une source fiable pour ses collègues et ses patients.
Elle ne peut pas toujours faire de miracles pour les gens qu’elle prend en charge.
« Mais, je peux toujours les aider à se sentir mieux et leur donner de l’espoir, dit-elle. C’est ce qui fait la beauté du métier. »
L’une des forces de Diane Batchelor est la prise en charge des symptômes. C’est là qu’intervient l’espoir : il s’agit de garder les gens exempts de symptômes et de maîtriser les maladies, même chroniques.
« Je suis la première à m’informer lorsque je ne suis pas certaine, mais grâce à mes 50 ans d’expérience et de connaissances infirmières, je peux fournir des soins exhaustifs et complexes avant de consulter un médecin », déclare-t-elle.
Prise en charge des symptômes
Son expérience antérieure, qui consistait à administrer de nouveaux médicaments à des patients atteints du cancer en phase terminale dans le cadre d’essais cliniques, lui a permis de mettre au point des interventions, y compris des combinaisons de médicaments pour traiter la douleur, les nausées, les vomissements et la diarrhée.
« La plupart du temps, les interventions fonctionnent vraiment. Je ressens tellement de satisfaction professionnelle à voir les gens se rétablir. Même si nous allons tous mourir un jour, nous voulons nous sentir bien chaque jour, et c’est ce qui compte. »
L’espoir est essentiel à Pond Inlet, ainsi que dans d’autres régions du Nunavut. Le territoire est constellé de difficultés sociales et économiques qui découlent en partie du colonialisme et des pensionnats et qui pourraient autrement décimer ses résidents.
Certains succombent. Le territoire présente un taux de suicide sept fois supérieur à celui du reste du Canada. Selon l’organisation politique inuite Tapiriit Kanatami, les jeunes hommes inuits sont 40 fois plus susceptibles de se suicider que leurs homologues du sud de l’Ontario.
La pénurie de logements, qui fait en sorte que de 10 à 20 personnes peuvent s’entasser dans le même petit espace, s’est révélée particulièrement périlleuse durant la pandémie. Heureusement, la communauté n’a pas connu de cas de COVID 19 jusqu’à présent, et le taux de vaccination contre le virus s’avère élevé.
Rire pour nourrir l’âme
« La pauvreté et l’insécurité alimentaire sont omniprésentes, mais l’instinct de survie, l’amour de la vie et le rire en abondance sont tellement nourrissants pour l’âme, témoigne Diane Batchelor. La beauté du territoire et de ses habitants est incroyable. »
Diane Batchelor se laisse aussi inspirer par les jeunes Inuits qui combinent les connaissances traditionnelles aux nouvelles technologies et à la défense des intérêts.
« Il y a tout un groupe de jeunes femmes et de jeunes hommes qui grandissent et qui sont tout simplement dynamiques. »
Avant d’être embauchée par le gouvernement du Nunavut, Diane Batchelor avait déjà travaillé pendant huit ans comme infirmière en salle de réanimation dans le Bronx, à New York, puis pendant 16 ans comme infirmière coordonnatrice de la recherche au Netherlands Cancer Institute et comme consultante en soins oncologiques pour le personnel infirmier de toute la Hollande.
Elle a aussi travaillé pendant trois ans comme infirmière en pratique avancée au Centre de cancérologie du Sud-Est de l’Ontario.
En 2017, elle était infirmière praticienne au sein de l’équipe de santé en médecine familiale de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, lorsqu’un collègue lui a demandé de l’aide pour élaborer un cours avancé en évaluation sanitaire destiné à une équipe infirmière en santé communautaire du Nunavut.
Diane Batchelor voulait faire l’expérience directe du travail au Nunavut avant d’élaborer le cours.
Elle a commencé à travailler à Pangnirtung, Goa Haven, puis à Pond Inlet. Elle enseignait à de nouvelles infirmières praticiennes et les orientait dans leur pratique.
Elle est rapidement tombée sous le charme des gens, du paysage et de son travail.
Tout repose sur les soins infirmiers
« Dans le Nord, tout tourne autour des soins infirmiers. J’ai simplement trouvé mon créneau comme chef clinique », estime-t elle.
Chaque jour, Diane Batchelor voit des patients dont le cas pourrait décourager les praticiens du sud. Récemment, une femme souffrant de douleurs chroniques attribuables à deux balles logées dans son dos est revenue consulter, car le chirurgien spécialiste de la colonne vertébrale vers lequel Diane Batchelor l’avait orientée avait déclaré que la chirurgie était trop risquée.
Nullement découragée, Diane Batchelor a simplement modifié sa démarche de soins et prescrit de nouveaux antidouleurs à la patiente et d’autres stratégies pour atténuer sa souffrance.
« Nous savons maintenant qu’un traitement médical n’est plus possible, nous devons traiter les symptômes. C’est ce que nous avons entrepris aujourd’hui », explique t elle.
Elle fait également des visites à domicile et offre des soins palliatifs. Accompagner les gens vers une mort sans souffrance est une partie valorisante de sa pratique.
Le fait de vivre à temps plein dans la communauté lui a permis de revoir ses valeurs du sud.
Un jour, elle prescrivait un régime léger composé d’œufs brouillés, de soupe, de riz et de bananes à un patient de 72 ans souffrant de douleurs abdominales lorsqu’il l’a interrompue.
« Il m’a dit : ʺJe ne mange que du poisson. Nous n’avons aucun de ces autres aliments à la maison.ˮ Maintenant, je demande simplement aux gens ce qu’ils ont mangé au cours des 24 dernières heures, ce qui me donne une meilleure idée de ce qui se passe réellement. »
Lorsque ses patients n’ont pas mangé, elle leur distribue également des aliments conservés dans un placard à la clinique et tente de les aider à accéder aux autres services dont ils ont besoin.
Des soins de santé dirigés par les Inuits
Bien que Diane Batchelor adopte les pratiques culturelles inuites du mieux qu’elle peut, elle est consciente de la nécessité d’intégrer une plus grande part de leadership communautaire aux soins de santé.
« Nous devons former plus d’Inuits dans les communautés pour qu’ils fournissent des soins de santé aux patients, parce que ces valeurs du sud et les principes d’offre de soins de santé ne conviennent pas toujours », affirme t elle.
Les rares fins de semaine où Diane Batchelor peut compter sur des congés, elle se rend souvent sur le territoire avec une autre collègue et un pourvoyeur qui leur montre comment chasser le phoque et observer les ours polaires.
Elle a aussi adopté un chien de mélange Jack Russell/Corgi, qu’elle a nommé Emoji, et attend avec impatience l’automne, lorsque son fils enseignera à temps plein dans la communauté.
Après avoir suivi un cours de production vidéo à la Toronto Film School, elle espère également dresser le portrait de la communauté et de ses membres.
« À Pond Inlet, j’ai l’impression d’avoir pris contact avec la nature, confie t elle. Je suis peut être moins élégante de l’extérieur, mais j’ai pu transmettre une mine de connaissances à mes collègues infirmiers et aux patients, des gens que j’aime tout simplement. Quelle merveilleuse façon de couronner sa carrière! »
Laura Eggertson est journaliste indépendante à Wolfville, en Nouvelle-Écosse.
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