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Multiculturalisme : une enquête révèle des lacunes et des possibilités dans les études infirmières

By IC Contenu posted 08-27-2020 00:00

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2020/08/27/survey-reveals-gaps-and-opportunities-in-multicult
août 27, 2020, Par: Donna M. Wilson, Carolina F. S. Benedetti, Jean A. C. Triscott
student raising her hand amongst other students in class
istockphoto.com/FatCamera
Il est important d’anticiper les différences linguistiques et culturelles dans les milieux de travail parce qu’elles influencent la santé, les décisions concernant les soins, la façon dont sont prises ces décisions et aussi les usages sociaux. La culture est souvent définie comme les croyances, caractéristiques et comportements des groupes raciaux, ethniques, religieux et sociaux.

Cet article est l’un des premiers qu’infirmière canadienne consacrera à la question du racisme – en particulier le racisme anti-Noirs – dans les soins de santé, y compris les soins infirmiers. Notre objectif est de faire entendre celles et ceux qui ont connu le racisme ou veulent le dénoncer.

Messages à retenir

  • La culture, qui inclut les caractéristiques, comportements et croyances d’usage, influe sur la santé et la prestation des soins.
  • Tout le personnel infirmier et médical doit être préparé pour les différences culturelles qui existent vraisemblablement parmi ses patients et ses collègues et les respecter.
  • Si les programmes de formation en sciences infirmières et en médecine contribuent à ce que tous les étudiants aient au moins des connaissances de base sur le multiculturalisme, le peu de place accordée à la diversité dans le contenu et dans les méthodes d’enseignement et d’évaluation est préoccupant.

Le multiculturalisme étant un élément majeur de la société moderne, le personnel infirmier et médical doit plus que jamais être préparé pour les différences culturelles qui existent parmi ses patients et ses collègues. Selon le Recensement de 2016, 21,9 % des résidents canadiens sont des immigrants, le plus haut pourcentage depuis 1921; d’ici 2036, on estime que 30 % des citoyens seront nés à l’étranger (Statistique Canada, 2020).

Non seulement la population canadienne compte de plus en plus d’immigrants, mais la diversité culturelle augmente aussi. La majorité des nouveaux immigrants viennent d’Asie (principalement des Philippines, de l’Inde et de la Chine); les Africains occupent la deuxième place (Statistique Canada, 2020).

Actuellement, 22 langues autres que l’anglais et le français sont parlées au Canada par plus de 100 000 personnes chacune (Statistique Canada, 2020).

Il est important d’anticiper les différences linguistiques et culturelles dans les milieux de travail parce qu’elles influencent la santé, les décisions concernant les soins, la façon dont sont prises ces décisions et aussi les usages sociaux. La culture est souvent définie comme les croyances, caractéristiques et comportements des groupes raciaux, ethniques, religieux et sociaux.

Bien qu’au Canada, la fonction de préparer les enfants au multiculturalisme relève de la famille et du système scolaire, on ne peut pas être sûr que tous les étudiants en sciences infirmières et en médecine auront acquis les connaissances et les informations nécessaires sur le multiculturalisme pour s’acquitter efficacement de leur travail comme professionnels de la santé. C’est pourquoi nous avons mené une enquête en ligne en 2018-1019 auprès de toutes les écoles de sciences infirmières et de médecine des universités canadiennes pour obtenir de l’information sur ce qu’apprennent, ou non, leurs étudiants de premier cycle en matière de « culture » ou de « multiculturalisme », quand et comment.

L’enquête

On a demandé à une personne représentant chacune des écoles de répondre aux sept questions suivantes :

  1. Enseignez-vous la « culture » ou le « multiculturalisme » à vos étudiants?
  2. Si oui, en quelle(s) année(s)?
  3. Si oui, quels sujets spécifiques aborde l’enseignement?
  4. Si oui, comment ces sujets sont-ils enseignés?
  5. Si oui, les connaissances sur le multiculturalisme ou le respect de la diversité culturelle sont-ils encouragés autrement que par des exposés? 
  6. Si oui, les connaissances multiculturelles des étudiants sont-elles testées ou évaluées?
  7. Votre école traite-t-elle du multiculturalisme et le renforce-t-elle d’autres façons?

Points saillants de l’étude

Si toutes les écoles n’ont pas participé à l’enquête, la majorité a répondu, avec parmi les répondants des écoles de sciences infirmières et de médecine de chacune des provinces où il y en a. Elles ont toutes rapporté qu’elles enseignaient systématiquement le multiculturalisme à leurs étudiants de premier cycle. Nous avons aussi appris que ce matériel est le plus souvent enseigné sur deux ans ou plus et au moyen de diverses méthodes.

La méthode la plus commune est l’inclusion du multiculturalisme dans des cours existants, et les étudiants assistent à une ou plusieurs présentations sur divers sujets connexes. Trois autres méthodes d’enseignement relativement courantes consistent à demander aux étudiants d’écrire un essai sur un aspect du multiculturalisme, à les faire participer à une rencontre de groupe multiculturelle et à leur faire faire un stage pratique à un endroit au Canada où on pense qu’ils seront exposés à des groupes culturels différents.

Il était encourageant d’apprendre que des sujets très divers étaient traités. Les plus communs étaient ce que l’on entend par multiculturalisme, le respect des membres d’autres cultures, de l’information spécifique sur des groupes culturels fréquemment rencontrés, les impacts de la discrimination, en quoi elle consiste, des faits et chiffres au sujet du multiculturalisme, ce qu’il faut faire pour mettre fin à la discrimination, ce qu’il faut faire pour la prévenir, comment communiquer avec des gens qui parlent une autre langue et la Charte canadienne des droits et libertés.

Nous avons appris que les apprentissages étaient évalués régulièrement, le plus souvent au moyen de questions ajoutées à un examen général. Près de la moitié des écoles imposaient un test portant spécifiquement sur le multiculturalisme, et presque toutes ont déclaré s’attendre des étudiants qu’ils démontrent des compétences cliniques satisfaisantes.

Il était également encourageant d’apprendre que toutes les écoles témoignaient aussi autrement de leur conscience d’un Canada multiculturel, en incitant par exemple des étudiants autochtones à s’inscrire. La plupart encouragent aussi des immigrants à s’inscrire à leur programme de formation. Par ailleurs, la majorité a dit offrir des programmes de formation permanente à son personnel enseignant et compter parmi celui-ci des membres de minorités visibles.

Le personnel infirmier et médical doit profiter de cette période pour faire preuve de leadership afin que les patients et le personnel aient accès à des milieux de soins et de travail sûrs.

Résultats

Il est clair qu’à l’heure actuelle, les écoles canadiennes de sciences infirmières et de médecine ont reconnu la nécessité pour le personnel infirmier et médical d’être préparés pour des patients et des collègues de cultures, d’origines ethniques, de races et de religions différentes et de les respecter. Les programmes de sciences infirmières et de médecine contribuent à ce que tous les étudiants reçoivent au moins une sensibilisation élémentaire aux réalités culturelles et des connaissances de base sur le multiculturalisme.

Cependant, le manque de diversité du matériel et des méthodes d’enseignement et d’évaluation d’une école à l’autre est préoccupant. Certaines écoles mettent manifestement davantage l’accent que d’autres sur le multiculturalisme. Espérons qu’à l’avenir, on assistera à une normalisation du programme d’enseignement. Il serait également bon que l’apprentissage pratique augmente, car c’est ce qui a le plus de chances d’influer sur les attitudes et les comportements des étudiants. Les écoles pourraient par exemple inviter des visiteurs qui parleraient de leur expérience du racisme et de la discrimination pendant les cours; jumeler les étudiants à une famille de nouveaux arrivants pendant un trimestre pour qu’ils l’aident à s’adapter à la vie au Canada et s’assurer que pendant leurs stages cliniques, les étudiants aient l’occasion de s’occuper de patients de cultures autres que la leur.

Enseignements tirés

Le Canada est en transition; sa diversité culturelle augmente rapidement. Le personnel infirmier et médical doit profiter de cette période pour faire preuve de leadership afin que les patients et le personnel aient accès à des milieux de soins et de travail sûrs. Nous sommes face à un choix : continuer d’embrasser l’aspiration du Canada de former une mosaïque culturelle, ou ignorer ce tsunami culturel et vivre avec les conséquences.

Les organisations infirmières canadiennes, en particulier, doivent être attentives, car en 2019, seuls 37 370 infirmiers et infirmières formés à l’étranger étaient autorisés à exercer au Canada, soit 8,9 % du personnel infirmier réglementé au Canada (Institut canadien d’information sur la santé, 2016-2020). La comparaison entre ce faible pourcentage et les données du Recensement donne à réfléchir : 21,9 % des résidents canadiens sont des immigrants (Statistique Canada, 2020). On note aussi le contraste avec la situation pour les médecins ayant obtenu leur diplôme à l’étranger : en 2018, ils représentaient 26,4 % du nombre total de médecins au Canada (Institut canadien d’information sur la santé, 2019).

Prochaines étapes

L’information obtenue au moyen de cette enquête est extrêmement utile pour les écoles de sciences infirmières et de médecine au Canada ainsi que pour les organisations de soins de santé et le personnel infirmier et médical en exercice.

S’il est maintenant établi dans les écoles de sciences infirmières et de médecine, le multiculturalisme gagnerait à occuper une plus grande place dans les pensées et dans l’élaboration des programmes d’études à travers le Canada. Tout le personnel infirmier et médical doit être préparé pour les différences culturelles qui existent vraisemblablement parmi ses patients et ses collègues et les respecter. Heureusement, c’est l’objectif qui guide les écoles de sciences infirmières et de médecine dans leur travail. La question est donc de savoir, maintenant, ce que chacune et chacun d’entre nous peut faire en tant qu’infirmière ou infirmier en exercice.

References

Institut canadien d’information sur la santé. Le personnel infirmier au Canada, 2019, 2016-2020.

Institut canadien d’information sur la santé. Les médecins au Canada, 2018 – Rapport sommaire, 2019.

Statistique Canada. Immigration et diversité ethnoculturelle, 2020.

Remerciements

La présente étude a été financée par Covenant Health, un organisme catholique d’Alberta. Les auteurs remercient aussi l’Assemblée générale des Nations Unies d’avoir déclaré le 21 mai Journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement. Cette journée a été célébrée pour la première fois en 2003 après que les Nations Unies ont désigné 2002 Année pour le patrimoine culturel.


Donna M. Wilson, Ph.D., inf. aut., est professeure à la Faculté de Sciences infirmières de l’Université de l’Alberta, à Edmonton. Elle est également professeure associée à la Faculté d’Éducation et de Sciences de la santé de l’Université de Limerick, en Irlande, et codirectrice du Centre pour la Santé et la Culture de l’Université de l’Alberta. On peut la contacter par courriel à : donna.wilson@ualberta.ca
Carolina F. S. Benedetti, B. Sc. inf., inf. aut., stagiaire de l’Université de São Paulo, au Brésil, a passé un trimestre de ses études de premier cycle en sciences infirmières à l’Université de l’Alberta dans le cadre d’un échange entre les deux universités. Elle a depuis obtenu son diplôme et travaille comme infirmière spécialisée dans les greffes d’organes au Brésil.
Jean A. C. Triscott, BED/AD, M.D., CCFP(COE), FAAFP, FCFP, est professeure et directrice de la Division des soins aux personnes âgées, Département de médecine familiale et de médecine dentaire de l’Université de l’Alberta à Edmonton.

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